Association EcritureS Onex 15

Publié le par SJAC

La soupe à la grimace (1ère partie)

 

Les yeux du bouillon avaient un regard louche et se disaient « cette soupe, c’est de la daube » et ce ne sont pas les vieux croûtons qui allaient dire le contraire, eux qui ne savaient plus si c’était du lard ou du cochon. On les avait laissé mariner dans leur jus, ils étaient restés plantés là comme des poireaux, tentant de survivre au bouillon de la montée des eaux.

 

De grosses légumes du supermarché, les rois de la quantité à petits prix, des bouffons gloutons goulus gourmands mange-tout, avaient décidé d’apporter de nouvelles saveurs dans l’assiette du consommateur.

Finie l’ère de la soupe mijotée, moulinée, veloutée, on ne trouverait le suprême consommé qu’en sachets lyophilisés, nectar minute pour gens pressés. Le potage se prenait un sacré bouillon, totalement impuissant devant sa mise en boîtes en carton.

Mais on ménageait la chèvre et le chou, y en avait pour tous les goûts, on avait le choix, arôme purée de pois, navet, potiron aux petits oignons, gaspacho bio, minestrone, vermicelle ou poireau. Par ici la bonne sousoupe gratinée allégée, pas de quoi vous mettre vraiment l’eau à la bouche.

Ce n’était qu’une imbuvable bisque bistre en conserve … la vraie, la pure, on la boude. Nouvelle tendance, vive le fast-food, fini le bouillon de culture.

À suivre...

 

Publié dans Atelier EcritureS Onex

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